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La mafia albanaise passait par Dieppe
Les faits se sont déroulés dans toute la France, et même aux Pays-Bas, mais cest à Dieppe que seront jugés douze individus accusés de vols avec armes, proxénétisme, association de malfaiteurs et aide à lentrée et au séjour irrégulier de clandestins. Car cest à Maucomble, près de Saint-Saëns, que démarre une enquête qui passera par Paris et Arnhem, aux Pays-Bas. Et cest par les ports de la Mer du Nord et de la Manche dont Dieppe que la mafia albanaise faisait transiter des centaines de clandestins vers la Grande-Bretagne.
Tout débute donc par le braquage dune station-service commis le 22 mai 2002 à Maucomble. Trois individus à visage découvert et armés emportent la caisse. Mais ils ont laissé leurs visages sur les images des caméras de surveillance, et des empreintes digitales à la caisse de la station-service. Les identifier est donc un jeu denfants. Les trois gaillards sont rapidement reconnus comme ayant commis une quinzaine dautres faits un peu partout en France, à Orléans et dans le Nord. Le parquet dArras est donc saisi de ces faits, mais laffaire de Maucomble reste instruite à Dieppe.
Dautant que ce même 22 mai, un braquage du même genre est commis à Translay, dans la Somme, et un troisième au même endroit à la mi-juin 2002. A chaque fois, les braqueurs agissent avec la même voiture, volée à Goyencourt dans lEure le 15 mai 2002. Sans ménagement, les braqueurs ont éjecté le conducteur hors de son véhicule, selon la méthode dite du « car jacking ».
Un mafieux abattu aux Pays-Bas
par les forces spécialesEtablissant le lien entre le vol de voiture et les braquages, les enquêteurs du service de recherches de la gendarmerie de Rouen recueillent alors un indice intéressant : au moment où deux des braqueurs brutalisent le conducteur à Goyencourt, le troisième donne un coup de fil sur son portable.
Cest ce téléphone qui permettra de mettre la main sur la bande, apparemment très hiérarchisée. Une fois le suspect au portable identifié grâce aux caméras de Maucomble, ses communications se révèlent passionnantes : elles aboutissent régulièrement chez un certain Korab D., soupçonné de diriger la mafia albanaise. Mais il ne sera pas nécessaire dattendre pour que deux des trois braqueurs tombent dans le filet des forces de lordre. Décidément très imprudents, ils se font arrêter dans la Somme pour un vol de voiture commis sous la menace dune arme, le conducteur ayant même reçu des coups de couteau.
Jugés en comparution immédiate à Amiens en lété 2002, ils écopent de quatre ans de prison. Mais il en manque un. Celui-ci a décidé de prendre lair au pays des tulipes, mais il est tout aussi imprudent que ses complices : repéré en Hollande, toujours avec la fameuse voiture volée dans lEure, il se fait arrêter pour braquage à Arnhem.
Lors dune convocation devant le juge hollandais, alors quil a réussi grâce à quelque complicité à se procurer une arme, le gaillard braque le procureur, le blesse par balle avant de se faire abattre par les forces spéciales hollandaises. Rien que ça Une affaire qui a fait beaucoup de bruit aux Pays-Bas et qui donne la mesure de la violence des individus, et lextrême prudence avec laquelle doivent agir les enquêteurs.
Prostitution et trafic de clandestins
via DieppeCar les gendarmes de la SR rouennaise ne désarment pas. Certes deux des braqueurs sont sous les verrous et le troisième abattu en Hollande, mais il reste la tête de ce qui semble bien être un réseau mafieux albanais. Korab D. est toujours surveillé, et plusieurs de ses complices sont dailleurs vus à Dieppe entre lété 2002 et lété 2003. Parmi ces complices, un douanier qui contrôle les voyageurs de lEurostar, en gare du Nord à Paris
Car la bande de Korab D. ne se contentait pas de braquages. Elle se livrait aussi au proxénétisme sur Paris, un réseau international très lié avec la Belgique où transitaient, avec de faux papiers, de jeunes Albanaises, Moldaves ou Roumaines. Et au trafic de clandestins. « Des centaines, voire des milliers de personnes en situation irrégulière » selon une source proche de lenquête, pour lessentiel des Indiens et des Pakistanais qui cherchaient à rejoindre lAngleterre. Et le douanier parisien percevait 1 500 euros par voyageur quil laissait passer dans lEurostar. A raison de plusieurs centaines, on imagine que ce trafic était juteux
Mais cela na pas duré. Les enquêteurs ayant réuni suffisamment déléments sur cette mafia, le coup de filet a été réalisé le 17 septembre dernier. Ce jour-là, le GIGN (groupe dintervention de la gendarmerie nationale) interpelle la bande, en région parisienne essentiellement. Le chef de la mafia est interpellé dans la chambre dune chaîne dhôtels à prix modiques dont il sétait fait un bon client, y installant ses QG au gré de ses « affaires ». Sept Albanais, un Turc, un Africain, un Bengali, un Egyptien et le douanier français font partie du lot. Six dentre eux seront placés en détention.
Agés en moyenne dune trentaine dannées, ces douze individus, dont certains sont, on la vu, dangereux, sont mis en examen. Ils devraient être jugés au terme de linstruction à lautomne prochain. Le tribunal de Dieppe risque à ce moment-là de ressembler de nouveau à un camp retranché, comme ce fut le cas en juin dernier lors du procès des arracheurs de distributeurs. Dautant quil sagira cette fois de juger rien de moins quune mafia
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