• LES BRAQUEURS SORTENT DU SAS 23 janvier 1993

    QUATRE hommes armés et le visage recouvert d’une cagoule ont pris en otage, dans la nuit de jeudi à vendredi à Allauch (Bouches-du-Rhône), la famille du directeur d’une agence bancaire de Marseille et ont obligé son épouse à se rendre à la banque pour leur ouvrir les coffres, qu’ils ont dévalisés hier matin. Les malfaiteurs, armés d’un pistolet-mitrailleur et d’un fusil à pompe, ont fait irruption dans la soirée de jeudi au domicile de la famille Garnier, qu’ils ont séquestrée toute la nuit.

    Deux des agresseurs ont amené l’épouse du banquier à l’agence du Crédit commercial de France de Mazargues, dans le 9e arrondissement de Marseille, tandis que les deux autres gardaient le mari et sa mère. Les gangsters, accompagnés de leur otage, ont attendu l’arrivée des employés, pour se faire ouvrir les coffres qu’ils ont vidés. Ils ont pris la fuite à bord d’une Ford Sierra avec un butin qui est en cours d’évaluation. Les otages ont été libérés sains et saufs.

    C’est un scénario quasi identique qui s’est déroulé en Corse, où deux malfaiteurs, armés et cagoulés, ont pris en otage, pendant la nuit de jeudi à vendredi, le directeur d’une agence bancaire de Bastia qui a dû leur remettre une forte somme d’argent en contrepartie de la libération de son épouse, également séquestrée.

    Les malfaiteurs, armés de pistolets, ont fait irruption jeudi soir au domicile du directeur d’une agence de la Société générale. Après avoir séquestré le couple toute la nuit, ils ont intimé l’ordre au mari de se rendre à la banque et de vider le coffre de l’établissement. Le directeur, qui avait rendez-vous au centre-ville avec ses agresseurs, s’est exécuté en leur remettant une somme d’environ 300.000 francs. Peu après, son épouse a été libérée, saine et sauve, près du commissariat de la ville.

    Selon certains policiers, le double sas avec détection métallique, installé à grands frais ces derniers mois dans la majorité des établissements bancaires, serait directement à l’origine du développement du hold-up avec prise d’otages.

    Mais si cette forme de criminalité est en pleine expansion, elle n’engendre pas pour autant une recrudescence des vols à main armée car « ces hold-up par procuration » remplacent peu à peu les braquages traditionnels, contrés par la sophistication des moyens de sécurité dans les banques.

    « L’installation du double sas empêche les bandits de pénétrer dans les banques avec des armes. Pour tourner la difficulté, les gangsters, jamais à court d’idées pour contrer l’évolution technologique, envoient maintenant leur otage récupérer le butin », analyse un policier marseillais. Il est vrai qu’au niveau de la loi, la prise d’otages, comme monnaie d’échange pour obtenir un butin, est passible de la même peine que le « classique » braquage de banque qui, lui seul, peut valoir à ses auteurs la réclusion criminelle à perpétuité.

    « Avant, cette forme de criminalité était réservée aux bandes les mieux organisées et utilisée uniquement pour les grosses affaires. Aujourd’hui, même si elle nécessite un professionnalisme certain, elle est beaucoup plus courante. Il est vrai que cette prise de risques correspond également à l’évolution de la criminalité où l’utilisation des armes et des otages est malheureusement banalisée. »

    Pour l’instant, aucune parade efficace n’a pu encore être trouvée pour contrer cette évolution criminelle. Mais, le hold-up avec prise d’otages a déjà ses lettres de noblesse. En effet, le casse le plus rentable (160 millions de francs) de l’histoire de la criminalité en France, le 16 décembre à la banque de France de Toulon, a pu être réalisé « grâce » à la prise en otage d’un membre des services de sécurité, et de sa famille, qui a fait ouvrir la porte de la banque à ses ravisseurs.


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