• Comment Andrée, 67 ans, est devenue dealer

    Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne)

    HAUTE comme trois pommes, les cheveux blancs, un visage joufflu encadré par des lunettes, Andrée, 67 ans, connaît les cités. Pour se sortir de sa misère sociale, elle les alimentait en cannabis. Mais qui l'eût cru ? Personne.

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    Cette petite grand-mère de Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne) est le portrait craché de la Mamie Nova des pots de yaourt. Ce qui lui vaut son surnom. Jeudi, le tribunal correctionnel de Melun l'a condamnée à quatre ans de prison dont trois avec sursis pour trafic de stupéfiants. Lorsqu'elle s'avance à la barre du tribunal, il n'y a pas de malice dans ses yeux. Plutôt un côté protecteur, bienveillant.

    Dès lors, on peut imaginer aisément la surprise des policiers du commissariat de Moissy-Cramayel qui l'ont arrêtée fin 2006. Elle est en panne au beau milieu de la route avec sa petite voiture. Lorsqu'ils lui demandent où elle se rend, Andrée se met à trembler. Et d'un seul coup avoue : « Je vais chercher 3 kg de cannabis à Combs-la-Ville. J'ai rendez-vous. » Au fur et à mesure de son audition, la « Mamie Nova » révèle avoir acheté « jusqu'à 40 kg de cannabis à Grigny (Essonne). Et puis ça a chauffé dans la cité. C'est pour cette raison que je me suis approvisionnée à Combs-la-Ville ». Un trafic qu'elle pratique depuis sa cité de Brie-Comte-Robert et qui lui aurait rapporté 30 000 € en deux ans.

    « Lorsque les clients frappaient à sa porte, ma mère leur recommandait de faire attention »

    Comment en est-elle arrivée là ? « C'est une histoire dramatique, constate son avocate, Me Isabelle Guttadauro, du barreau de Paris. Avec ses 500 € de retraite, Andrée a du mal à joindre les deux bouts. Son fils, Jean-Michel, vit avec elle. Il est gravement malade. Leur logement est insalubre. Dans le même temps, elle voit son fils aîné, Jean-François, arrondir ses fins de mois en se livrant au trafic de cannabis. C'est lui qui l'initie en lui disant bien que ça peut être dangereux. Et puis il part vivre avec une amie. » Andrée décide de reprendre la « succession ».

    Son passé, ce sont des petits boulots à droite, à gauche. Elle a fait des ménages et a été concierge. « Elle a vécu aussi dans des bidonvilles », poursuit son avocate. Mère de cinq enfants, élevée à la dure, elle a assumé un mari violent, mais elle n'a pas l'habitude de se plaindre. Pourtant, sa santé n'est pas florissante. Elle est asthmatique et souffre de diabète.

    « Lorsque les clients frappaient à sa porte, ma mère donnait les barrettes de cannabis et leur recommandait de faire attention. Je lui ai dit qu'elle risquait de faire de la prison si elle continuait le trafic », raconte son fils, Jean-François. « A partir du moment où elle a été interpellée, Andrée a joué la carte de l'honnêteté, souligne Me Guttadauro. Elle a donné le nom de son fournisseur et reconnu les quantités achetées. Son casier judiciaire jusqu'à ce jour est vierge. »

    Elle ajoute : « Andrée a un côté attachant parce qu'elle a un profil atypique. Ce n'est pas une délinquante habituelle. Elle a passé quatre mois en prison à Fleury-Mérogis et reste traumatisée par cet univers. Pendant longtemps, elle a perdu le sommeil et entend encore des bruits. On n'est pas près de la voir dans une enceinte judiciaire. Elle a pris conscience que tout cela était dangereux. Elle a des enfants et petits-enfants. Et, aujourd'hui, plus que tout, ma cliente a peur de représailles. »

    Lors du procès, jeudi dernier, Andrée n'a pas été la seule à être condamnée. Son fils Jean-François a écopé de dix-huit mois de prison avec sursis, son autre fils Jean-Michel de dix-huit mois dont neuf avec sursis. Le fournisseur, lui, a pris dix-huit mois ferme.


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