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Faux euros : la filière antillaise qui inquiète la police
Des imprimeries clandestines d'Amérique latine ont abandonné les faux dollars pour la fabrication de faux euros écoulés via les Antilles françaises et les touristes de métropole. Policiers européens et de la zone Caraïbes se sont réunis la semaine passée
LES ANTILLES françaises sont devenues une cible privilégiée des faux-monnayeurs d'euros qui écoulent leurs billets aux Caraïbes : Martinique, Guadeloupe ou encore l'île de Saint-Martin. Des coupures fabriquées en partie dans des imprimeries high-tech, détenues par des mafias d'Amérique du Sud, plus particulièrement en Colombie et au Pérou. L'an dernier, 600 000 coupures de faux euros ont été saisies dans le monde, juste avant leur introduction sur le marché, et dix-neuf imprimeries clandestines découvertes.
<script type=text/javascript> sas_pageid='2358/16838'; // Page : manchettepub/leparisien.com/articles_faitsdivers sas_formatid=1278; // Format : rectangle 300x250 sas_target=''; // Targeting SmartAdServer(sas_pageid,sas_formatid,sas_target); </script> <script src="http://www.smartadserver.com/call/pubj/2358/16838/1278/S/147910379/?"></script>Une perte de près de 50 millions d'euros pour les faussaires. Les autorités, qui relèvent une hausse de ces saisies, restent vigilantes, comme le prouve cette réunion que viennent de piloter policiers français et experts européens la semaine dernière, à Sainte-Anne, en Guadeloupe, une destination qui ne doit rien au hasard.
Vingt-quatre pays de la zone, de petits Etats comme Saint-Domingue, mais également de plus importants comme la Colombie ou le Venezuela, ont participé à ce séminaire. « Il faut sensibiliser ces pays qui sont hors zone euro, mais qui peuvent abriter des unités de fabrications industrielles de faux billets », avance Didier Duval, chef du pôle de lutte contre la délinquance financière à la Direction centrale de la police judiciaire française. Avec le concours de l'Office de lutte antifraude (Olaf) de l'Union européenne, les experts français proposent aussi une aide technique pour détecter ces faux euros. « Nous offrons une palette complète, de la coopération judiciaire à la formation des policiers et des magistrats pour cibler cette criminalité », poursuit Didier Duval.
Les touristes, une cible facile
En Guadeloupe, aux côtés des policiers, des magistrats parisiens et marseillais avaient fait le déplacement, ainsi que des représentants de la Banque de France ou de l'Hôtel des monnaies. Les grands moyens afin de faire face à un nouveau péril pour cet « arc Caraïbes », déjà miné par le trafic de drogue et le blanchiment d'argent. Au cours de ces derniers mois, trois imprimeries clandestines de faux euros ont été démantelées en Colombie. Europol évoque par ailleurs des cas au Pérou et au Venezuela. « Pour ces réseaux, il est ensuite facile d'écouler des faux billets aux Antilles en profitant de l'afflux de touristes en provenance d'Europe, qui paient souvent en cash pendant leurs vacances. »
Les faux euros sont tellement devenus à la mode que la contrefaçon de dollars a reculé de 20 % l'an dernier. « Si les faussaires font moins de dollars, c'est qu'ils fabriquent plus d'euros », tranche cet expert. Car la monnaie européenne est devenue « planétaire », constate un policier spécialisé. Selon Europol, près de 11 000 milliards d'euros en billets sont actuellement en circulation sur la zone.
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